Parfois moins c’est mieux !
Depuis nombres d’années, je suis heureuse de constater une augmentation substantielle du tonnage de collecte sélective reçu à nos installations.
Mais dois-je réellement me réjouir de ce constat? Le tonnage qui augmente devrait être une bonne nouvelle en soit mais c’est le tonnage de quoi qui augmente? De matières recyclables…ou de déchets?
Malheureusement, la réponse ne me fait pas plaisir. Auparavant, notre taux de déchet était assez stable d’une année à l’autre. Maintenant, le bilan n’est plus le même. Nous recevons de plus en plus de déchets ou d’objets qui ne devraient pas se retrouver dans un centre de tri.
Mais que se passe-t-il donc au juste? Est-ce que les citoyens auraient perdu leurs bonnes habitudes? Comment expliquer cette situation?
Une des explications potentielles pourraient être la réduction des collectes de déchets résidentiels. Comme vous le savez, plusieurs municipalités ont retranchées certaines collectes et les déchets qui étaient autrefois ramassées chaque semaine, puis aux deux semaines, le sont maintenant, souvent aux trois semaines si ce n’est au mois. Comprenez-moi bien : je ne suis pas en train de jeter la pierre aux municipalités. Le but était de diminuer les frais de collecte tout en espérant que cela pousserait les gens à récupérer plus…sinon, ils allaient manquer de place dans leurs bacs à déchets. Mais la réalité est tout autre…Quand le bac à déchets est plein, ils utilisent alors le bac de récupération pour le surplus de déchets.
Une autre explication pourrait aussi être l’engouement pour la cause environnementale. Anciennement je recevais du papier, du carton, des contenants de verre, de plastique et de métal et les citoyens se limitaient à cela. De nos jours, les gens sont de plus en plus informés. L’implantation de nombreux Écocentres à travers la province a contribué à l’augmentation des matières pouvant alors être recyclées ou réutilisées tels la peinture, les batteries, les matelas, le bois, les agrégats, les vêtements, les meubles, les RDD, etc.
Le problème est que je me suis mis à recevoir des contenants de peinture, des batteries, des chaises de parterre, des lampes, des grille-pains, etc. Je suis heureuse de voir que l’intention est bel et bien là mais il ne faut pas confondre centre de tri et Écocentre. Les gens, en toute bonne foi, se réconforte en se disant que nous sommes un centre de tri et, de ce fait, nous saurons quoi faire avec ces objets. Le problème est que jadis, nous nous contentions de trier les erreurs des gens qui parfois avait déposé un contenant de plastique non-recyclable par exemple.
Aujourd’hui, avant même de commencer à penser de vérifier si les contenants sont bel et bien recyclables, nous devons débuter par enlever tous ces nouveaux objets qui ne sont ni des imprimés, ni des emballages et ni des contenants donc qui ne devraient pas se retrouver dans un bac de recyclage. Tout cela nous ralenti et nous devons maintenant en tenir compte dans notre production. Notre capacité de tri est directement reliée à la qualité de la matière reçue.
Je ne voudrais pas vous quitter sur une note négative. Je crois que nous pouvons être heureux de voir le haut taux de participation des citoyens…ils ne reste qu’à bien leur expliquer où va quoi et tout devrait bien aller!
Nancy Doyon
Directrice du développement, Récupéraction Centre-du-Québec