L’aménagement au cœur des comportements… et plus que vous pensez!

« L’aménagement du territoire », un repas mystérieux que nous mangeons pourtant quotidiennement. Mâcher…marcher la ville dis-je… voir, sentir, entendre, ressentir, prendre connaissance des émotions qui nous parcourent lors de nos parcours. C’est un peu comme goûter un bon plat, ça donne envie d’apprendre la recette, de l’améliorer, de l’apprécier, de la partager, et surtout, ça nous donne envie de découvrir d’autres bonnes recettes!

L’analogie est simple, et pourtant, une bonne alimentation, c’est bon pour la santé et le moral, ça rend nos rencontres festives, ça améliore nos performances sportives et professionnelles, bref ça nourrit notre qualité de vie. Et bien c’est tout aussi vrai pour l’aménagement du territoire, il faut commencer à le considérer comme un met distinctif de notre identité, de ce que nous aspirons à vivre au quotidien. C’est le point de départ pour un changement collectif de l’aménagement de nos territoires.

Trois grands facteurs influencent les comportements individuels, et par addition, les comportements de sociétés: le facteur génétique, soit les caractéristiques physiques et la santé qui en découle, l’éducation, par le biais des interactions sociales et académiques, puis l’environnement, qui traite du milieu dans lequel on vit.

Ce dernier facteur est très important car il est au cœur de notre qualité de vie. Il influence l’ensemble de nos décisions de déplacements, d’alimentation, de santé, de divertissement, de socialisation, de travail et j’en passe! Bref, ce prélude démontre bien l’importance de bien aménager l’environnement (le territoire) qu’il soit rural, urbain ou banlieusard.

Les décisions urbanistiques doivent être judicieuses, mais par où commencer? L’un des premiers réflexes est de se pencher sur les « cinq D » :

Densité : Une bonne densité aide à rentabiliser les services municipaux, favorise la présence de services de proximité, justifie l’implantation d’écoles et de parcs, en plus de faciliter l’ajout de services de transport collectif et actif. La densité est un bon ingrédient qui s’adapte à toutes les bonnes recettes et n’est pas synonyme de gratte-ciels. À titre d’exemple, le Plateau Mont-Royal est le quartier le plus dense au Canada et on y compte généralement des immeubles de 3-4 étages. Un village ou une banlieue peut donc penser établir une densité de 2-3 étages en son centre-ville. De plus, une bonne densification permet d’éviter l’étalement urbain qui nous pousse (dans le trafic!) vers le dézonage de nos milieux naturels et agricoles!

Diversification : Il faut permettre la cohabitation des milieux résidentiels, commerciaux, institutionnels, verts, etc. La diversification des usages nourrit les milieux de vie, et la vie en aménagement, c’est la clé! Un quartier vivant rime avec prospérité économique, services multiples, liberté de choix de déplacements et sentiment communautaire fort.

Design : L’architecture des bâtiments n’est pas qu’esthétique. D’ailleurs, il vaudrait mieux parler de morphologie urbaine, un concept beaucoup plus large et qui englobe la structure des réseaux. Cet aspect joue sur les différentes échelles, l’échelle humaine en premier lieu, et nous donne souvent envie de s’approprier une rue, un quartier, une ville!

Destination : Penser le territoire comme des pôles de destinations contribuera également au dynamisme.

Distances aux accès de transports collectifs : Évidemment, il faut rompre avec l’auto-solo. Continuer la tendance d’1.25 passagers par véhicule comme c’est le cas actuellement n’est pas viable pour nos territoires. Il faut commencer à penser l’espace pour qu’il favorise le déplacement d’individus, et non pas le déplacement de voitures. Il faut donner plusieurs options de transports durables pour éviter le trafic et l’horreur des déserts asphaltés.

Finalement, la Stratégie nationale de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire qui est en cours d’élaboration peut, et doit, structurer des aménagements responsables. Il faut s’intéresser, s’informer et s’appuyer sur la science, dans ce cas-ci l’urbanisme. Les scientifiques de cette science sont les urbanistes et ils doivent être accessibles aux communautés qui désirent une bonne diète!

Gabriel Larocque
Gestionnaire de projets spécialisé en transport et en aménagement du territoire, RNCREQ
L’auteur vous invite à consulter le mémoire du RNCREQ sur la Stratégie nationale de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire (septembre 2021)