Le glanage : récolter pour la santé et pour l’environnement
Le glanage de fonds de champs est une initiative qui permet de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) liées aux pertes alimentaires, tout en facilitant l’accès à des produits frais et locaux pour des bénévoles. Cette pratique lutte efficacement contre le gaspillage alimentaire en offrant une seconde vie à des aliments qui auraient autrement été perdus. Au Canada, environ « 13 % des fruits et légumes […] ne sont pas récoltés ou sont jetés après la récolte » (Environnement et Changement climatique Canada, 2019). Plusieurs facteurs contribuent à ces surplus, notamment le manque de rentabilité, la pénurie de main-d’œuvre ou encore l’imprévisibilité des conditions climatiques.

Les initiatives de glanage mobilisent des bénévoles et des entreprises bioalimentaires pour organiser la récolte de fruits et légumes destinés à rester aux champs. Au Québec, ces initiatives fonctionnent souvent selon un principe de partage équitable : un tiers des produits reste à l’entreprise agricole, un tiers va aux bénévoles et un autre tiers est distribué à des organismes d’aide alimentaire.

Le glanage favorise un meilleur accès économique à une alimentation saine pour les bénévoles, en plus de contribuer à la réduction des émissions de GES causées par le gaspillage alimentaire. Il est estimé que, si le gaspillage alimentaire mondial était un pays, il serait le troisième plus grand émetteur de GES, juste derrière les États-Unis et la Chine (FAO, 2013). Le glanage est une solution innovante soutenue par la Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie (TIR-SHV) du Centre-du-Québec. Cette pratique bénéfique pour toutes les parties prenantes permet de réfléchir à long terme à l’accès à l’alimentation dans la région et favorise la création de liens entre acteurs du système alimentaire tout en contribuant à la lutte contre les changements climatiques.
Le gaspillage alimentaire n’est pas la seule problématique à l’intersection des saines habitudes de vie et de la lutte contre les changements climatiques. Des enjeux tels que la mobilité durable et l’accès à une saine alimentation nécessitent des actions concertées, tant des secteurs de la santé que de l’environnement. La TIR-SHV repose sur la concertation et l’intersectorialité, réunissant des organisations ayant des objectifs communs, mais abordés sous des angles différents. Ce travail collaboratif renforce l’accès à une alimentation saine et à un mode de vie actif, en misant sur des actions complémentaires.
La mission de la TIR-SHV du Centre-du-Québec est de créer des environnements favorables aux saines habitudes de vie, où ces choix deviennent accessibles et simples pour la population. Travailler sur des systèmes alimentaires durables à travers un réseau de collaboration territorial permet de renforcer la santé environnementale, économique et sociale de la collectivité (Vivre en Ville, 2014). Des initiatives comme le glanage, les groupes d’achat et les forêts nourricières illustrent bien ce type de gouvernance alimentaire territoriale, axée sur les besoins locaux et la durabilité. D’ailleurs, une étude récente réalisée dans le cadre d’un projet de recherche sur les systèmes alimentaires territorialisés (SAT) en Mauricie recense les stratégies d’atténuation et d’adaptation aux changements climatiques pouvant être mobilisées par les SAT (Kamgang et coll. 2024).

En somme, la mise en place d’environnements favorables aux saines habitudes de vie, par la mise en place d’initiatives comme le glanage, bénéficie à tous et contribue à la lutte contre les changements climatiques.

Mélissa Guillette et Catherine Villeneuve
Table intersectorielle régionale en saines habitudes de vie (TIR-SHV) du Centre-du-Québec

Sources :

  • Environnement et Changement climatique Canada. (2019). Bilan des activités : réduire la perte et le gaspillage alimentaire au Canada. [En ligne] https://www.canada.ca/fr/environnement-changement-climatique/services/gestion-reduction-dechets/perte-gaspillage-alimentaire/bilan.html#toc2
  • FAO. (2013). Food wastage footprint, impacts on natural resources. Rapport sommaire, Natural Resources Management and Environment Department, Food and Agriculture Organisation. [En ligne] https://www.fao.org/4/i3347e/i3347e.pdf
  • Kamgang et coll. (2024). Naviguer face aux changements climatiques : une recension des écrits sur les stratégies d’atténuation et d’adaptation à mobiliser par les systèmes alimentaires territoriaux. Rapport de recherche, Faculté des sciences infirmières, Université Laval. Conclusion : Étude du projet COSAM sur atténuation des changements climatiques. [En ligne] https://www.fsi.ulaval.ca/sites/default/files/documents/laurence-guillaumie/changements_climatiques_brochure17.pdf
  • Vivre en Ville. (2014). Villes nourricières. Mettre l’alimentation au cœur des collectivités. 141 p. (coll. Outiller le Québec ; 6) [www.vivreenville.org]