Tourisme durable, point de vue d’un gestionnaire de parc régional
Le monde du tourisme a profondément changé au cours des dernières années. Au Québec, comme à bien d’autres endroits, nous avons assisté à une véritable ruée vers les activités de plein air de type aventure douce. À priori, il s’agit d’une très bonne nouvelle, car les gens se sont réapproprié les beautés de la nature québécoise qui en font sa renommée. Tout ce temps passé en plein air permettra sans aucun doute aux amateurs de prendre pleinement conscience de l’importance des milieux naturels dans nos vies. Pour un site comme un parc régional, ceci est primordial, considérant que le milieu naturel est littéralement le cœur de notre entreprise.
Pour un site de plein air, un tourisme responsable et durable inclut inévitablement un profond respect du milieu naturel et du patrimoine écologique. Maintenant, comment concilier la venue de dizaines de milliers de visiteurs dans un ce type d’environnement sans laisser de stigmates trop profonds?
Bien connaître les lieux
Pour assurer une utilisation durable du territoire, il faut d’abord le connaître dans ses moindres recoins. Il est primordial d’identifier toutes les zones sensibles, comme les milieux humides, les habitats fauniques ou les compositions floristiques particulières. Autant que possible, il faut éviter d’y construire des sentiers ou d’autres infrastructures. S’il s’avère impossible de les contourner, on cherchera à minimiser l’impact de notre passage et surtout on y construira un sentier stable et durable qui nécessitera un minimum d’entretien.
Préserver et conserver une partie du territoire
Certaines parties d’un territoire devraient être entièrement préservées et conservées dans leur état naturel afin d’assurer le maintien de leurs fonctions écologiques. Ces milieux jouent un rôle essentiel, bien sûr pour la faune et la flore, mais également pour l’humain. Ils sont indispensables dans notre processus d’adaptation aux changements climatiques et ils sont les témoins de l’évolution et de l’adaptabilité du milieu naturel.
Revoir nos indicateurs de performance
Généralement, la grande majorité de nos indicateurs de performance se définissent par la croissance. Croissance de l’achalandage, croissance du chiffre d’affaires, croissance de l’offre de services, etc. Il faut reconsidérer ses paradigmes et mettre de l’avant une croissance responsable et durable. Celle-ci peut impliquer qu’une organisation soit en très bonne santé même si elle ne reçoit pas plus de visiteurs que l’année précédente ou qu’elle ne fait pas plus de profits. Il faut considérer comme un indicateur notre capacité d’utiliser un milieu naturel sans en compromettre les fonctions écologiques.
Connaître notre positionnement en développement durable
Pour s’améliorer, il faut connaître notre position, savoir où l’on se situe sur l’échiquier du développement durable. Il y a plusieurs étapes à considérer. Il faut d’abord poser un diagnostic et avoir un portrait de la situation actuelle, quelle qu’elle soit. Ensuite, l’organisation peut définir un plan d’action tangible et réalisable qui permettra de mesurer sa progression. Celle-ci peut être lente ou rapide, selon nos pratiques déjà en place, mais le plus important est de pouvoir se fixer des objectifs concrets et atteignables.
En conclusion, je demeure persuadé que nos organisations touristiques et de plein air doivent s’engager sur la voie d’un tourisme responsable et durable et qu’aujourd’hui ce n’est plus une option. Nous devons assurer la pérennité des milieux naturels en conciliation avec l’accessibilité de ces lieux. Offrir la proximité de la nature à la population et aux visiteurs nous permettra de les convaincre de son importance.
Steve Garneau
Coordonnateur du Parc régional des Grandes-Coulées
MRC de L’Érable