1 octobre 2025 – Planifier, cuisiner, composter : une recette anti-gaspillage

Au Québec, depuis quelques années, on assiste à un véritable essor de notre culture gastronomique, et à juste titre ! Nous avons du talent à tous les maillons de la chaîne, du champ à la table. Il n’y a qu’à regarder l’émission Les Chefs, à l’antenne de Radio-Canada, pour constater l’audace et la créativité des artisans culinaires d’ici.

En 2018, j’ai choisi de m’établir dans la MRC d’Arthabaska. Quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre que 98 % de son territoire est à vocation agricole. Ce constat m’a ramenée à une réalité trop souvent oubliée, chaque aliment que l’on gaspille représente le fruit d’un long travail ; de nos terres, de nos producteurs, de nos transformateurs et de notre économie locale. Acheter un produit du Québec, c’est déjà faire un geste pour soutenir le territoire. Le consommer au complet, c’est honorer ce travail.

C’est ce qui m’amène à réfléchir aujourd’hui, avec vous, à la part de responsabilité que porte le consommateur dans le gaspillage alimentaire. Saviez-vous que, dans un foyer qui ne composte pas, près de 45 %* du contenu du bac à déchets est composé de matières organiques ? En moyenne, on estime qu’un ménage gaspille jusqu’à 140 kg*, soit environ 300 livres, de nourriture par an.

Or, la bonne gestion des matières organiques ne commence pas au bac brun : elle commence à l’épicerie. Acheter sans planifier, c’est souvent condamner des aliments à la poubelle. Le bac brun doit être envisagé comme un allié, mais non comme une solution magique. Il joue un rôle important dans la valorisation des résidus alimentaires non évitables, mais il ne doit jamais devenir un prétexte pour gaspiller en bonne conscience. Cette notion ne doit pas être évacuée des communications à l’intention des citoyens. Bien qu’essentiel à la routine de tri, le bac à matières organiques entraîne lui aussi des impacts environnementaux : transport des matières, traitement en plateforme de compostage, énergie et émissions associées. Il faut donc valoriser d’abord les réflexes anti-gaspillage avant de vanter les mérites du compostage.

Avec les citoyens de divers horizons qui se familiarisent, de nos jours, à l’utilisation du bac à matières organiques, l’apprentissage reste à faire. Chaque aliment gaspillé représente un triple gaspillage : celui de la nourriture elle-même, celui de toute l’énergie et du savoir-faire nécessaire à sa production et de l’énergie déployée pour la transformation des matières en compost. Oui, même dans notre frigo, une application du 3RVE* est possible : réduire le gaspillage, réinventer nos restes, récupérer et valoriser les aliments défraîchis, et en dernier recours, composter.

La lutte au gaspillage alimentaire commence bien avant la cuisine… elle commence au panier d’épicerie. La prochaine fois, en déposant votre vieil ananas non épluché oublié sur le comptoir, demandez-vous la question : aurais-je pu éviter de le gaspiller et comment?

Restons vigilants, curieux et engagés, pour notre portefeuille, pour nos producteurs, et surtout, pour la planète!

 

Jade Larochelle
Agente de sensibilisation et de communication en gestion des matières résiduelles à la MRC d’Arthabaska

 

*Sources : Recyc-Québec, Love Food Hate Waste Canada

**Le 3RV-E est un principe fondamental en gestion des matières résiduelles au Québec. Il s’agit d’une hiérarchie des actions à poser pour minimiser notre impact environnemental : Réduire, Réemploi, Recyclage, Valorisation, Élimination.