3 septembre 2025 – Réconcilier la ville avec l’hiver : penser les parcours piétons autrement
L’hiver québécois n’est pas figé dans une seule image de froid sec et de trottoirs enneigés. Il évolue au fil des semaines et des mois, alternant journées glaciales, tempêtes, redoux, grands vents, mais aussi certains jours ensoleillés bien agréables. Cette réalité impose aux piétons, commerçants et municipalités de composer avec un environnement changeant où chaque condition modifie les défis de déplacement et d’accessibilité. Dans un contexte de changements climatiques, où les épisodes de gel et de dégel s’intensifient, adapter les infrastructures piétonnes devient essentiel.
Pour documenter ces réalités, Rues principales a mené, durant l’hiver 2024-2025, une étude comparative sur 12 tronçons et intersections à Montréal, observés à différents moments hivernaux. L’objectif était d’identifier les aménagements et pratiques d’entretien qui favorisent des parcours piétons sécuritaires et agréables, notamment vers les commerces et services de proximité.
Certaines problématiques reviennent systématiquement. L’accumulation d’obstacles aux bateaux de trottoirs, ces abaissements permettant au piéton de rejoindre la chaussée, est présente dans 69 % des sites, souvent liée à la géométrie des rues. Dans les rues à profil en couronne, le point le plus bas se situe à l’intersection trottoir-chaussée, ce qui entraîne l’accumulation de sloche et d’eau directement sur le parcours piéton. Le déneigement est un autre exemple : des andains peuvent être créés et peuvent non seulement être difficiles à enjamber, mais aussi entraîner l’encombrement des puisards. En fin de compte, cela engendre des accumulations aux bateaux de trottoirs.
Il n’existe pas de solution unique qui conviendrait à tous les sites. Le choix des aménagements dépend du flux de piétons et d’automobiles, de la présence de transport en commun, du nombre de voies et du contexte environnant. Par contre, parmi les pistes de solutions identifiées par l’étude, la surélévation des intersections et des traverses piétonnes apparaît comme la mesure à privilégier lorsque le contexte le permet. Elle limite l’accumulation d’eau de fonte dans les corridors piétonniers grâce à un meilleur drainage, réduit la vitesse des véhicules à l’approche des traverses et, combinée à une avancée de trottoir, améliore la visibilité des piétons. Il est toutefois essentiel de positionner correctement les bouches de puisards, notamment en haut de pente, pour éviter toute accumulation d’eau.
Aménager les infrastructures n’est qu’une première étape. Afin de s’approprier l’hiver, il faut également activer les espaces publics : illuminer les rues, ajouter de la couleur et de l’art urbain pour égayer le quotidien et offrir des parcours qui incitent au mouvement afin de conserver notre chaleur. L’ajout de points de chaleur et de zones de repos favorise les rencontres et prolonge la vie sociale en extérieur. Ces parcours hivernaux sécuritaires et agréables soutiennent directement la vitalité commerciale. Un trottoir dégagé devant un commerce, un chemin sûr entre un arrêt de bus et une pharmacie, un raccourci éclairé vers l’école, ce sont ces éléments qui transforment la vie hivernale quotidienne.
Investir dans l’hiver, c’est miser sur une ville accessible, inclusive et active toute l’année. La vitalité hivernale de nos cœurs de collectivités nécessite une attention particulière. Forts de plusieurs années de réflexion sur l’aménagement et l’activation des villes en hiver, nous disposons d’un répertoire solide de solutions pour vous guider vers des choix cohérents avec nos réalités saisonnières. Être bien accompagné permet de mettre en œuvre ces solutions et fait toute la différence.
Marie Chartier, M.Sc. Urbanisme
Coordinatrice de projets





