7 avril 2025 – Sous le soleil brûlant : vulnérabilité et exposition aux vagues de chaleur 

Quand on pense au Canada, la première chose qui nous vient en tête n’est certainement pas la chaleur accablante. Pourtant, alors que le climat mondial continue de changer, les évènements météorologiques extrêmes deviennent de plus en plus fréquents, plus longs et plus intenses un peu partout au pays et parmi ceux-ci; les vagues de chaleur [1]. Dans plusieurs régions canadiennes, où les étés sont déjà chauds, la fréquence croissante et la sévérité des vagues de chaleur posent un défi sérieux sur la santé de la population, alors que la chaleur accablante est associée à une augmentation de la mortalité et de nombreux problèmes de santé [2-3].  

Qui sont les populations les plus vulnérables?  

Bien que les températures élevées affectent la majorité des gens, la vulnérabilité de la population fluctue au fil du temps et de l’emplacement, ce qui entraîne un risque accru pour certains groupes. On pense ici notamment aux personnes âgées, aux jeunes enfants, aux personnes souffrant de maladies chroniques, aux personnes travaillant à l’extérieur et aux personnes vivant seules ou en situation de précarité. Bien entendu, les impacts des vagues de chaleur sur la santé et le bien-être des populations dépendent en grande partie de la capacité des individus à accéder à des ressources, notamment un logement adéquat et à la qualité de leur filet social. Il ne faut donc pas hésiter à vérifier que nos proches et voisins les plus vulnérables se portent bien lors des journées très chaudes. 

Qu’est-ce qui exacerbe la problématique des vagues des chaleur? 

En milieu urbain, le phénomène des îlots de chaleur aggrave la situation, alors que la différence de température que l’on peut observer entre certains secteurs de la ville comme les aires de stationnement asphaltées et les milieux naturels en périphérie peut atteindre plusieurs degrés Celsius lors d’une vague de chaleur [4]. C’est problématique puisqu’en 2021 c’est près du trois quarts de la population qui vivait dans l’un des grands centres urbains du Canada [5]. 

Parallèlement, la population est vieillissante au pays. Selon les dernières données du recensement de 2021, la proportion de la population canadienne âgée de 65 ans et plus était d’environ 18,1% et cette proportion devrait continuer d’augmenter dans les prochaines années pour atteindre près de 25% d’ici 2031 [6]. Les personnes âgées sont plus sensibles en raison de leur capacité réduite à réguler leur température corporelle et de leur état de santé généralement plus fragile.  

Finalement, le climat va continuer de se réchauffer au cours des prochaines années, alors que d’ici 2050, pour certaines régions du pays, le nombre de jours où la température atteindra 30°C ou plus pourrait doubler [7]. 

Vulnérabilité des écosystèmes naturels 

La chaleur accablante ne se contente pas de menacer la santé humaine, mais elle exerce également une pression sur les écosystèmes fragiles. Les températures élevées peuvent intensifier la sécheresse en augmentant l’évaporation de l’eau. Ces conditions favorisent également la propagation des feux de forêt, impactant la qualité de l’air, ce qui, combiné aux vagues de chaleur, a des effets délétères sur les humains [8]. 

Peut-on agir face aux vagues de chaleur? 

Face à l’augmentation de la fréquence, de l’intensité et de la durée des vagues de chaleur, il devient crucial de veiller sur les populations les plus vulnérables. Les vagues de chaleur ne sont pas seulement un phénomène météorologique, mais également un révélateur des inégalités sociales et environnementales. Les actions immédiates visant à renforcer la résilience communautaire, à adapter les infrastructures urbaines et à promouvoir des pratiques de prévention sont essentielles pour protéger la santé publique et les milieux naturels. 

Pour en apprendre davantage : https://vaguesdechaleur.ffgg.ulaval.ca/ 

Marie-Janick Robitaille 
Professionnelle de recherche, département de géographie à l’Université Laval

 

Références  

[1] Zhang, X., Flato, G., Kirchmeier-Young, M., Vincent, L., Wan, H., Wang, X., Rong, R., Fyfe, J., Li, G. et Kharin, V. V. (2019). Les changements de température et de précipitations pour le Canada. Dans E. Bush et D. S. Lemmen (dir), Rapport sur le climat changeant du Canada (p. 113-193). Gouvernement du Canada. https://doi.org/10.4095/314614 

[2] Gasparrini, A., Guo, Y., Hashizume, M., Lavigne, E., Zanobetti, A., Schwartz, J., Tobias, A., Tong, S., Rocklöv, J., Forsberg, B., Leone, M., De Sarios, M., Bell, M. L., Guo, Y.-L. L., Wu, C.- F., Kan, H., Yi, S.-M., Coelho, M. S. Z. S., Saldiva, P. H. N., …Armstrong, B. (2015). Mortality risk attributable to high and low ambient temperature: a multicountry observational study. The Lancet, 386 (9991), 369-375. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(14)62114-0 

[3] Martin, S. L., Cakmak, S., Hebbern, C. A., Avramescu, M. L. et Tremblay, N. (2012). Climate change and future temperature-related mortality in 15 Canadian cities. International Journal of Biometeorology, 56(4), 605-619. https://doi.org/10.1007/s00484-011-0449-y 

[4] Oke, T. R., Mills, G., Christen, A. et Voogt, J. A. (2017). Urban Climates. Cambridge University Press. 

[5] Statistique Canada (2022). La croissance et l’étalement des grands centres urbains du Canada se poursuivent. https://www150.statcan.gc.ca/n1/daily-quotidien/220209/dq220209b-fra.htm 

[6] Statistique Canada (2022b). Estimations de la population au 1er juillet, par âge et sexe. https://www150.statcan.gc.ca/t1/tbl1/fr/tv.action?pid=1710000501 

[7] Atlas climatique du Canada. (2019). Les jours très chauds (+30°C). https://atlasclimatique.ca/carte/canada/plus30_2030_85#  

[8] Sutanto, S. J., Vitolo, C., Di Napoli, C., D’Andrea, M. et Van Lanen, H. A. (2020). Heatwaves, droughts, and fires: Exploring compound and cascading dry hazards at the pan-European scale. Environment international, 134, 105276. https://doi.org/10.1016/j.envint.2019.105276