Un même défi collectif
L’égalité des chances pour tous est un principe travaillé depuis les cinquante dernières années au Québec[i]. Une nouvelle réalité fait toutefois son chemin dans notre collectivité, celle des inégalités sociales climatiques. Au moment où le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publie son nouveau rapport[ii] sur la progression plus rapide qu’anticipée des impacts des changements climatiques, il importe de souligner la vulnérabilité de certains individus et groupes plus à risque de subir des préjudices associés aux changements climatiques.
Le milieu de la santé utilise différents facteurs pour caractériser l’état de santé d’une personne ou d’une population, appelés les déterminants de la santé. Il peut s’agir de facteurs personnels, sociaux, économiques et environnementaux[iii]. Au niveau des changements climatiques, on peut penser aux caractéristiques personnelles, aux aspects de l’environnement physique ainsi qu’à la capacité à se préparer, réagir et se remettre des impacts des changements climatiques[iv].
La lutte aux inégalités sociales et celle contre les changements climatiques sont ainsi fortement interreliées. Les conséquences engendrées par les risques accrus du climat auront un impact disproportionné sur les personnes plus vulnérables. Les gens ayant un plus faible revenu sont souvent dans l’obligation de se loger dans un environnement bâti de moindre qualité où les îlots de chaleur sont présents. Considérant que les milieux urbains connaîtront des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses ainsi qu’une augmentation des incidences de la mauvaise qualité de l’air[v], il est impératif d’aménager et de renaturaliser les milieux de vie.
Un piège semblable attend également les personnes plus vulnérables en matière de réduction des GES. Nos municipalités étant pour la plupart construites de façon étalée, la seule option viable pour se déplacer pour se rendre notamment au travail est souvent d’utiliser une voiture. Alors qu’une automobile coûte des milliers de dollars par année à opérer, ceci place un fardeau insoutenable sur les ménages à plus faible revenu qui se voient obligés de réduire d’autres dépenses importantes par obligation d’avoir à payer une ou des voitures. Pourtant, les solutions existent pour bonifier l’offre d’alternatives beaucoup moins dispendieuses qu’une voiture, comme le transport en commun, le vélo, la marche et le covoiturage.
Le CRECQ est conscient de cette réalité et souhaite contribuer à mettre en place des solutions pour à la fois favoriser l’équité sociale et protéger l’environnement. C’est dans cet esprit que nous avons notamment mis en œuvre deux projets qui combinent ces deux préoccupations.
Coup de fraîcheur a pour objectif la végétalisation d’espaces publics à Drummondville au bénéfice de la communauté. Ce projet soutient le verdissement d’espaces collectifs dans des secteurs où on retrouve une forte proportion d’îlots de chaleur urbains et des communautés vivant en situation de pauvreté et d’exclusion.
Libre et mobile au Centre-du-Québec a pour but de sensibiliser, mobiliser et accompagner des organisations et leurs employés dans la pratique du navettage durable. Les citoyens et citoyennes sont invité.es à utiliser des modes de transport durables (covoiturage, autobus, marche, vélo, etc.) et partager leur expérience avec le CRECQ afin d’identifier les difficultés et les facteurs facilitant la mobilité durable. Le CRECQ accompagnera ensuite certaines municipalités et MRC afin de faciliter l’intégration de ces informations dans leurs orientations et actions en mobilité durable.
La réduction des inégalités sociales se doit d’être une préoccupation de tous les instants, incluant en matière de protection de l’environnement. Les changements climatiques sont un enjeu qui exacerbe ces inégalités, mais il est possible d’atténuer ces impacts par un effort collectif de lutte et d’adaptation aux changements climatiques. Le CRECQ s’engage à agir collectivement pour réduire les inégalités sociales en environnement. Ensemble, on peut changer les choses.
Andréanne Blais
Biologiste,
Directrice générale du Conseil régional de l’environnement du Centre-du-Québec