Dans notre société, on peut considérer qu’une personne incapable de se déplacer est handicapée. En effet, une personne doit généralement se déplacer pour travailler, étudier, recevoir des soins de santé, s’approvisionner en aliments, participer à des loisirs, etc. Il est vrai que la pandémie a changé certains de ces paradigmes : certaines personnes ont adopté le télétravail ou la télé-étude par nécessité ou par préférence. Les achats en ligne n’ont jamais été aussi populaire, tout comme les livraisons à domicile. Malgré tout, les déplacements utilitaires ou récréatifs ne disparaitront pas. Même si on a assisté au Québec à des baisses de déplacement de près de 90% lors du premier confinement au printemps 2020, cette baisse s’évaluait à seulement 10% de moins de déplacements par rapport à la période pré-pandémique dès l’été 2020. On assiste d’ailleurs à un retour « à la normale » concernant les déplacements suite au déconfinement. La gestion des déplacements est donc toujours d’actualité.
La mobilité
Avant d’aller plus loin, prenons le temps de bien définir certains termes utilisés dans le jargon de la gestion des déplacements. Ces définitions permettent de faire la lumière sur leur applicabilité. Selon la définition du Ministère des transports du Québec (MTQ), la mobilité « représente la capacité et le potentiel des personnes et des biens à se déplacer ou à être transportés. Elle constitue le fondement des échanges sociaux, économiques et culturels des individus, des entreprises et des sociétés ». Donc, avec la mobilité, il n’est pas seulement question de transport (i.e. le moyen de se déplacer), mais aussi des infrastructures, de l’aménagement, de l’accessibilité, de l’environnement, des facteurs humains, etc. liés aux déplacements.
La mobilité durable
Qu’en est-il de la mobilité durable ? Toujours selon le MTQ, pour être durable, « la mobilité doit être efficace, sécuritaire, pérenne, équitable, intégrée au milieu et compatible avec la santé humaine et les écosystèmes. La mobilité durable limite la consommation d’espace et de ressources, donne et facilite l’accès, favorise le dynamisme économique, est socialement responsable et respecte l’intégrité de l’environnement. » À la lecture de cette définition, il est donc évident qu’on applique les principes de développement durable à la mobilité. Cette définition démontre la complexité, mais aussi la complémentarité des concepts énoncés.
La mobilité durable… intégrée ?
De plus en plus, un « nouveau » terme fait son apparition : la mobilité intégrée. La mobilité intégrée favorise l’interconnexion et la combinaison des différents modes de transport en considérant les réalités et les besoins des usagers potentiels. Le développement d’un réseau de mobilité intégrée permet d’interconnecter le transport collectif (autobus, taxibus, etc.), avec les modes de transport actif (marche, vélo, etc.) sans oublier les solutions complémentaires comme l’autopartage ou le taxi. La mobilité intégrée est donc une solution alternative au transport individuel qui vise à offrir des solutions adaptées aux besoins de chacun en utilisant et en combinant des services existants. En réunissant la mobilité durable et la mobilité intégrée, on obtient une recette très intéressante pour repenser la gestion des déplacements et son développement, autant en milieu rural qu’en milieu péri-urbain, urbain ou métropolitain.
Bref, seulement en comprenant les termes utilisés dans chaque définition, il devient évident que la mobilité durable intégrée est un choix intéressant pour la gestion des déplacements. Il faut donc changer nos paradigmes de développement afin d’intégrer ces notions. Malheureusement, encore en 2021, le développement de la mobilité se fait en « silo » au Québec. Ce travail en silo coûte très cher et dilue l’offre au point de la rendre parfois inintéressante par manque de connectivité et par sa difficulté à répondre au besoin des usagers. Il est possible de faire différemment. Il faut néanmoins être réaliste : il est évident qu’un seul mode de transport ne pourra jamais répondre à tous les besoins de la population. Il faut donc miser sur l’interconnexion de ces modes afin d’offrir des alternatives viables et compétitives à la population de la région !
André Lavoie
Directeur général, Roulons VERT (Centre de gestion des déplacements de la Mauricie et du Centre-du-Québec)